
Noureddine Benchekroun/Bureau de Marrakech
La dernière déclaration du ministre porte-parole du gouvernement Marocain sur la question de la flambée des prix n’a pas calmé les esprits, surtout en ce mois de Ramadan où la consommation des ménages augmente de plus de moitié par rapport à la normale.
Aujourd’hui, la classe déshéritée et même la classe moyenne ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins alimentaires, et une grande majorité de ces familles sont entrées dans une phase d’austérité sans précédent.
En effet, les multiples déclarations du gouvernement n’étaient suivies d’aucune initiative réaliste sur le marché toujours à la merci du lobby des spéculateurs, sachant que ces derniers échappent toujours aux campagnes de contrôle organisées de temps à autre par une administration en manque de moyens logistiques et humains.
Pire encore, le gouvernement déclare que ces spéculateurs sont encore inconnus et demandent aux citoyens de l’aider dans ce sens. Une vraie mascarade…..
Dans ce contexte brouillé et anarchique, le gouvernement a promis il y a quelques jours de procéder à la baisse des prix surtout en ce mois sacré de Ramadan. Nous entamons le huitième jour de ce mois et les prix sont toujours inchangés.
Et nous voilà réintégrés la voie du pessimisme après la bouffée de l’optimisme et de l’espoir qui a régné dans notre pays suite à l’exploit de l’équipe Nationale au mondial de Qatar. Et nous voilà face à des lobby qui freinent notre avancée et sèment le doute dans la toile de confiance que nous sommes en train de tisser.
Le discours Royal à l’occasion de la fête du trône en 2022 était bien clair et a exhorté le gouvernement à lutter contre toutes les formes spéculatives.
On est conscients des effets de la sécheresse de l’année passée et de l’augmentation du prix de pétrole suite à la guerre en Ukraine ce qui a impacté négativement sur notre production agricole et sur le coût de revient des produits.
Mais ce qui est inconcevable, c’est le manque de communication avec un gouvernement qui priorise le mutisme, et ses rares déclarations restent non fondées et sans logique. Si, c’est pour apaiser les esprits, les réalités au quotidien et la flambée des prix ont toujours les derniers mots et une telle politique ne ferait qu’augmenter les tensions sociales. Chose non souhaitée, car notre force réside dans notre stabilité et dans la cohésion de toutes les structures de notre société.
Et revenons aux spéculateurs, pour dire que le citoyen attend toujours plus de visibilité sur les profits exorbitants réalisés par les sociétés de distribution des » hydrocarbures » qui ont profité de la libération de ce secteur sans jamais accepter le plafonnement de leurs profits. Pire encore, et avant la présente crise, le citoyen n’a pas eu la faveur de profiter de la baisse du baril de pétrole sur le marché mondial.
Un sujet prohibé à la discussion même au sein des commissions parlementaires..???
Outre le présent gouvernement et depuis son investiture, a toujours confirmé l’abondance des produits sur le marché sans risque de pénurie.
Face à cette crise des prix, l’on se trouve devant des propos contradictoires du gouvernement, chose qui entache sa crédibilité et soulève plusieurs interrogations.
En effet, comment expliquer la négligence des travaux et des rapports présentés par le « conseil de la concurrence », une institution constitutionnelle avec un arsenal juridique très avancé mais écarté inconsciemment ou intentionnellement.
En conclusion, une fois sorti de son mutisme et qu’il accepte de discuter avec transparence en tant que responsable de la gestion de l’économie du pays, l’actuel gouvernement doit considérer que l’inflation n’est plus conjoncturelle, mais structurelle, et va nous accompagner pendant plusieurs années. De ce fait, des réformes s’imposent en urgence:
# Révision de la procédure fiscale.
# Lutte contre la spéculation sans tourner
« autour du pot « .
# Procéder à l’importation pour alimenter le marché mais à courtes durées pour ne pas léser la production Nationale.
Marrakech le 30/03/2023