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Visite de  » Tebboune  » en Russie: Le mauvais choix 

Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech

Une première lecture du discours du président Algérien en visite en Russie permet de conclure que l’homme s’est déplacé en urgence pour demander protection auprès des russes.
En effet, le bilan négatif de la politique menée par la junte militaire au pouvoir en Algérie a été résumée indirectement dans ce discours que ce soit la situation à l’intérieur du pays ou dans son environnement régional.
Un discours où la peur s’est imposée comme titre avec une conclusion méprisante pour un pays dont les gouvernants se disent diriger une puissance régionale incontestable.
Il ne manquait à cette allocution du président Algérien que le terme  » au secours » et il paraît que les récents affrontements entre le « Mouvement de libération du sud algérien » et l’armée algérienne avaient précipité la visite de  » Tebboune »  en Russie pour chercher protection.
Cela montre la fragilité de l’État militaire qui commence à pressentir le danger du séparatisme devenu une réalité, à commencer par les » Kabyles » et tout récemment les  » Touaregs » qui n’ont pas hésité à prendre les armes pour défendre leur cause.

Mais avant d’entamer une analyse plus approfondie du discours du président algérien et de son homologue russe, il faut souligner un enjeu très important dans la  politique internationale, qui est ce rapprochement inattendu Américano-Iranien, qui aura sûrement des répercussions sur la relation des russes avec les iraniens et sur le récent rapprochement Irano-Saoudien qui a été vu par les U.S.A comme une désobéissance de l’Arabie Saoudite, pays qu’elle considère principal paramètre de l’équation stratégique dans le golfe.
Et l’Iran, comme il l’a toujours été avant la révolution de »  Khomeiny en 1979 reste un centre névralgique et un état  » tampon » qui était le gendarme fidèle des Américains dans la région.

Dans ce contexte tumultueux caractérisé par de telles métamorphoses en cours de gestation dans la politique internationale survient la visite du président Algérien en Russie.
Autrement dit, comment veut-on que
 » Poutine »  donne de l’importance à cette visite, sachant qu’il est tellement occupé par ces grands changements qui s’opèrent dans le monde suite à la guerre qu’il a mené contre l’Ukraine.
Néanmoins, il a profité de la présence du président Algérien pour véhiculer des messages aux Américains et aux Européens après avoir humilié avec diplomatie son fidèle client: l’Algérie.
En effet, presque la moitié du discours de
 » Poutine » n’était qu’un rappel des bienfaits  de la Russie envers l’Algérie. Le comble c’est que  » Tebboune  » a confirmé tacitement tout le contenu du discours du président Russe sans observation marquante.
L’autre moitié du discours russe s’est adressée indirectement aux occidentaux, en particulier à la France, qui essaie de jouer sur les deux cordes entre le bloc USA- Grande Bretagne et une probable alliance avec la Russie.
D’ailleurs, France et Russie résonnent sur la même longueur d’onde….
Le fait que la France se range du côté de l’alliance Américano-Britannique signifie qu’elle va se dissoudre dans le bouillon occidental comme tout autre pays européen, même chose pour la Russie.
Outre, les russes commencent à se lasser de la guerre et sont prêts à négocier la paix avec la seule condition que l’Ukraine n’adhère pas à  » l’OTAN », car il est inconcevable que ce dernier se trouve aux portes de la Russie.

Cela dit, ce qui est sûr, c’est que le président Algérien à qui on adresse la parole n’est qu’un mauvais transmetteur loin de lire les
« entre-lignes » et n’attend du président Russe que la prononciation du mot  » Sahara » un cauchemar qui l’empêche de dormir.
En effet, cette ruée précipitée des Algériens vers Moscou, est l’annonce incontestable d’un blocus économique Américain et occidental contre l’Algerie.
Sans oublier l’éveil de sanctions militaires par « L’OTAN », le pays est déjà sur la liste  » grise  » des incubateurs de factions terroristes.
Outre, comment oser demander l’adhésion à « BRICS  » alors que les indicateurs macroéconomiques de l’Algerie sont encore très loin pour satisfaire cette demande ?
Bref  » Tebboune  » a évoqué toutes les régions de tensions à travers le monde en commençant bien sûr par le Sahara, puis la Palestine, le Soudan et le Mali.
 » Poutine « , plus intelligent et bien rodé en politique internationale, n’a pas priorisé le problème du Sahara Marocain et a fait abstraction de parler du Mali, car il y’a du non déclaré dans ce dossier entre la France et la Russie.

Pour conclure disons que les militaires d’Alger qui craignent l’extension du séparatisme en Algérie se sont précipités pour renouveler leur acte d’allégeance à la Russie. Un pays déjà affaibli par la guerre de l’Ukraine qui, après plus de 18 mois, aucune avancée sur le terrain.
L’Algérie a choisi le mauvais moment et le partenaire  » épuisé » par une guerre qu’il commence déjà à regretter.

Marrakech le 19/06/2023

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