
Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech
La lettre royale au chef du gouvernement concernant le projet de révision du code de la famille a créé un grand débat et interprétations avant même les premières réunions de la commission formée à cet égard et dont l’échéance a été fixée à 6 mois.
En effet, il s’est avéré que le code de la famille actuel a montré plusieurs défaillances et reste assez loin de l’objectif fondamental pour lequel il a été adopté, à savoir, la préservation de la famille, le maintien de son équilibre, la répartition des responsabilités entre les époux, de faire en sorte que chacun soit conscient de ses droits et devoirs et de préserver les droits des enfants.
Rien de cela n’a été réalisé et nous sommes arrivés à des taux de divorces et de répudiations très inquiétants du fait du :
** mécontentement des époux à l’égard de la procédure très compliquée et non transparente du divorce.
** Défaut d’activation de certaines institutions devenues vitales pour le conseil et l’accompagnement à l’instar de l’assistanat sociale.
** Refus par le corps magistral de se référer aux résultats de la biotechnologie ( ADN) pour prouver les liens de parenté en cas de litige.
** Manque de clarté du chapitre 49 concernant l’acquisition des biens après le mariage et leurs sorts en cas de divorce.
** L’ambiguïté sur le divorce pour cause de discorde.
** Les visites aux enfants comportent des aspects non transparents qui doivent être clarifiés davantage.
** La détermination exacte et chiffrée de la pension alimentaire tenant compte de la situation financière du père est loin d’être appliquée.
** Absence de mesures accompagnatrices pour le retour de la femme au foyer conjugal.
Ces observations axées sur le vécu et la réalité des faits, nous n’empêchent pas de dresser les attentes des partisans du changement et les craintes du bloc conservateur.
En effet, si les premiers optent pour un projet libéral, moderniste conforme aux références mondiales assurant une répartition plus équilibrée des tâches au sein du foyer conjugal et libérant la femme de certains fardeaux qui lui ont été collés depuis la nuit des temps, les seconds refusent catégoriquement tout substitut aux textes coraniques et aux » hadiths », sachant pertinemment que le code de la famille était toujours de source religieuse même pendant la période du protectorat français.
### Craintes du camp conservateur
Une analyse des craintes soulevées par les conservateurs, fait ressortir une question récurrente qui fait le titre de toute interprétation de ce genre et qui consiste à réduire tout un iceberg de métamorphoses radicales régissant le code de la famille à de simples approches juridiques et judiciaires et marginaliser l’avis des » Oulémas » qui demeurent de simples consultants en deuxième rang.
N’est ce pas une fuite en avant et un éloignement de la principale directive de
S.M le Roi et commandeur des Croyants:
» Je ne peux pas permettre l’interdit ni interdire ce qui est permis ».
Sans oublier que le fait de vouloir moderniser le code de la famille hors sphère religieuse porte atteinte au caractère sacré et au pilier fondamental de la nation représentés par
» Imarat Al Mouminines « , un arbre millénaire dont les racines puisent force et stabilité d’un sol à base du Coran et de la Sunna.
Et c’est au sein de cette » Séquoia » unique dans l’histoire de l’humanité que s’est développée la famille marocaine, et toute tentative de la faire pousser sur un autre sol est vouée à l’échec.
## L’école de la morale.
La notion de la famille au Maroc n’a jamais été caduque, régie par de simples textes juridiques, mais une école qui véhicule la morale et éduque ses sujets en vue de pérenniser cet esprit de coopération et d’entraide. Ainsi, et sur ses bases, les différends se réglaient tacitement et les ruptures entre époux étaient rares et exceptionnelles.
N’est ce pas une forme d’antidote contre cette décadence morale que connaît l’Occident et qui est que le résultat de la focalisation du statut de la famille sur les approches juridiques et judiciaires, qui sont là pour protéger les systèmes de libertés excessives qui ont vidé le concept de famille de son contenu fondamental et l’ont éloigné de sa fonction primordiale à savoir le fait de constituer le noyau dur de la société.
Donc un » Ijtihade » hors textes sacrés reste très discutable et fera de toute réforme une déstabilisation des fondements de la famille et donc un bouleversement de l’équilibre de la société.
### Conclusion
Il est encore très tôt pour se prononcer sur ce projet grandiose, mais les profils des membres de la commission appuient la thèse d’une modernisation » made Marocco » puisée des réalités et ce, pour assurer un équilibre au sein de la famille et crédibiliser le lien de mariage devenu pour certains un jeu d’enfants.
Bien sûr, S.M le Roi en tant que Commandeur des Croyants et à l’instar des souverains marocains durant plus de 12 siècles, saura intervenir pour rectifier tout dérapage non conforme au textes Coraniques et à la Sunna.
La cellule familiale doit être préservée, c’est la source de la force de tout Marocain.
Rappelons nous de la leçon qu’on a enseigné au monde entier lors de la coupe du monde de Qatar, et de ces images éblouissantes des joueurs et leurs mères qui prouvent que l’attachement d’un Marocain à sa famille est indéfectible et qu’il vit cette chaleur.
Et rien qu’hier et encore une fois, le drame du tremblement de terre d’Al-Haouz a montré la grande solidarité de la grande famille Marocaine formée de millions de familles dont les membres s’aiment et s’entraident, mais qui aspirent toujours à plus de réformes pour aller de l’avant.
Marrakech: 08/10/2023