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Élargissement de BRICS: Un feu vert Américain

Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech

Dans sa déclaration finale, le sommet des pays du BRICS tenu en Afrique du Sud a signalé l’impact des tentatives infructueuses  d’impliquer ce groupement économique dans les questions liées aux affaires intérieures des pays. Outre, il a dénoncé toute manœuvre visant à créer un tollé médiatique afin de montrer une défense et un leadership artificiel pour un continent.
En effet, l’Afrique du Sud se trouve dépassée par les autres puissances d’Afrique, ce qui montre son faible rôle économique au sein du BRICS. Ce dernier était obligé d’accepter l’adhésion de ce pays ( en 2010)  pour des raisons géopolitiques ( représentativité de l’Afrique).
En revanche, ce sommet a constitué un revers pour l’Algérie qui a été exclue de la liste des six pays invités à rejoindre officiellement ce rassemblement.
Parmi ces derniers, il y a trois pays arabes (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Egypte), un pays africain (Ethiopie), en plus de l’Argentine et de l’Iran.

### Analyse des résultats
Une lecture plus en détail des résultats de ce sommet à la lumière de sa politique d’élargissement en vu de jouer un rôle géopolitique plus important dans un monde dont les caractéristiques changent de jour en jour, nous mène à deux constatations:

La première est endogène à BRICS, et concerne son agenda économique et géopolitique. En effet, ce bloc reste jusqu’à présent non structuré, il n’est pas encore une organisation internationale comme le veut la Charte des Nations Unies, mais un simple
rassemblement pour les pays émergents ayant une vision de l’économie mondiale.
Depuis sa création au début de ce millénaire, ce groupe cherchait à briser l’ordre mondial imposé par les États-Unis d’Amérique après la chute de l’Union soviétique.

La deuxième constatation concerne la  décision d’élargir ce rassemblement.
Une décision qui a été prise en faveur de pays alliés à l’Occident et dépendant entièrement des U.S.A comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
D’ailleurs même l’Inde et le Brésil font partie de cette catégorie.

Tenant compte de ces deux premières observations, nous pouvons affirmer que le BRICS souhaite adopter une thèse géopolitique selon laquelle il veut apporter sa contribution à l’économie mondiale à partir d’une position de dialogue et non de confrontation et de collision.
Cela se confirme par sa dernière invitation à six pays différents sur le plan économique,
mais avec des emplacements géographiques stratégiques:  l’Égypte possède le canal de Suez, l’Arabie Saoudite surveille le détroit Bab al-Mandab et l’Iran est lié au détroit d’Ormuz.
D’où cette volonté de saisir les articulations de la géographie qui ont des effets inévitables sur les relations économiques entre les pays.
Et même l’Iran, pays toujours sous sanctions internationales suite à son dossier nucléaire encore trébuchant, cherche à travers son adhésion à BRICS à pacifier ses positions envers l’Occident et sortir de l’isolement.
En résumé, avec cette expansion, le BRICS cherche à devenir un concurrent sérieux de l’Occident et en même temps évite toute tension ou affrontement avec celui-ci.

Mais, une autre thèse plus logique et réaliste, mène à penser qu’un élargissement du BRICS, le rendra plus flasque avec perte de son identité géopolitique. D’autant plus que les principaux pays qui le composent divergent sur plusieurs points (Chine et Inde) (le Brésil avec la Russie et avec la Chine).
Outre le Brésil est l’un des pays les plus fidèles et grand allié de l’Occident et n’acceptera jamais adhérer à un autre système indépendant du dollar.

De ce qui précède, l’on peut comprendre le sens de la déclaration du département d’État américain aux A.E,  quelques jours avant le sommet du BRICS, selon laquelle il affirme qu’il n’y a aucune objection à l’élargissement de ce rassemblement car il ne présente aucun danger pour l’économie mondiale.
Un feu vert certes, pour certains alliés des plus fidèles ( Arabie Saoudite, Emirats et même l’Ethiopie).
Cette apathie Américaine a été confirmée par la déclaration finale de ce sommet.

Mais la question qui demeure toujours sans réponse est : pourquoi les pays du  BRICS ne veulent-ils pas structurer ce rassemblement ?
En effet, il reste sans secrétariat général, et ne dispose ni d’organe législatif ni exécutif qui lui permettent de prendre la forme d’une organisation avec des institutions responsables. Avec une telle forme, il ne peut espérer  créer une monnaie unifiée concurrente du dollar et demeure sans menace pour le système monétaire mondial.
D’autant plus les principaux pays du BRICS à l’exception de la Russie,sont très dépendants du dollar dans leurs transactions commerciales et concentrent tous leurs efforts pour en constituer des réserves.
Et même si on imagine un accord futur pour une monnaie propre à ce rassemblement, les économies de ces pays doivent s’adapter suffisamment pour qu’une monnaie puisse être produite. Le système monétaire mondial dispose d’une infrastructure basée sur le dollar américain et toute nouvelle création de monnaie y sera greffée et ne constituera jamais une concurrence ( l’Euro en exemple).

## Afrique du Sud/ Jeu d’enfants
Quant à l’Afrique du Sud, qui a adhéré au BRICS en 2010, il demeure un pays confronté à un dilemme géopolitique en raison de sa situation géographique.
En effet, il avait toujours un complexe envers l’Afrique du Nord en général et ce depuis  l’ouverture du canal de Suez et l’abandon par le commerce international du cap de Bonne-Espérance.
Outre ce pays a également un complexe avec le Royaume du Maroc, ce dernier a conclu plusieurs alliances en Afrique dont l’alliance des pays africains riverains de l’océan Atlantique, l’accord tripartite et la sécurisation du passage de  » Guergarates », équivaut en valeur au canal de Suez à l’échelle mondiale.
Ces succès Marocains non acceptés par l’Afrique du Sud, ont fait du Royaume un ennemi des plus redoutables à ce pays qui a trouvé en Algérie son fidèle alibi.
Cette réunion du BRICS sur le sol Sud Africain était une occasion pour manœuvrer contre le Maroc, mais en vain, la sagesse et l’expérience de la diplomatie du Royaume ont encore une fois désamorcé une
 » bombe » politique fabriquée à l’artisanal par des amateurs corrompus par l’argent du gaz Algérien.

Marrakech le 28/08/2023

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