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Visite de  » ATTAF » à Washington: L’ interrogatoire

Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech

La visite du ministre algérien des Affaires étrangères à Washington ne peut pas passer inaperçue.
Au terme de ce déplacement, le ministre Algérien et son homologue Américain ont déclaré que leurs pourparlers étaient centrés sur la question du Sahel/ Sahara.

L’analyste veillant ne peut ignorer l’importance et la gravité de la situation qui prévaut dans cette région et ce, depuis la chute du régime de  » Kaddafi » en 2012, et l’arrivée massive des armes aux mains des terroristes qui se développent comme des champignons dans la région sous le regard des Etats incapables de contrôler la situation.
Outre les régimes de ces derniers, soumis constamment à des putschs militaires est une autre facette de cette instabilité devenue intrinsèque à cette région.

### Raisons de l’importance géostratégique du Sahel/ Sahara:
Depuis 2014, la politique mondiale dans sa globalité n’a plus comme titre proéminent le problème du Moyen-Orient ni même la récente guerre en Ukraine, mais cette difficile équation du Sahel/Sahara.
Une équation à plusieurs paramètres, allant de l’héritage du colonialisme et sa continuité dans l’exploitation des ressources de la région ( la France est le meilleur exemple),  au sous-développement et manque d’infrastructures de base pour des populations majoritairement analphabètes et qui constituent un danger migratoire éminent pour l’Europe. Raison pour laquelle les États-Unis d’Amérique et la Grande- Bretagne concertent leurs actions et coopèrent pour sauvegarder la sécurité et la stabilité au grand Maghreb allant du Maroc à l’Égypte. Ces pays constituent la  » ceinture de sécurité  » pour l’Europe.
D’ailleurs, depuis la Seconde Guerre mondiale, la politique internationale repose sur l’idée de la sécurité du vieux continent et même l’OTAN » a été créé pour cette raison, en plus de l’Union africaine ( ex O.U.A) qui a été constituée dans cet esprit.
En effet, l’ardoise laissée par l’Europe ruinée par les nazis était assez conséquente.
Les bailleurs de fonds et sauveurs du vieux continent à savoir les U.S.A et l’Angleterre avaient hypothéqué l’avenir de ce continent qui depuis lors, ne peut disposer d’aucune  décision géopolitique purement Européenne.
Et même la Russie,  (considérée  toujours européenne) , ne fait exception à cette règle. D’ailleurs, la guerre d’Ukraine a montré la véracité de cet attachement et l’allégeance aux décideurs à Washington et à Londres.
Bref, tôt ou tard, la Russie rejoindra ce peloton.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que l’orientation de la politique internationale change en fonction des endroits et des sujets.
En effet, et pour être plus précis, une lecture analytique des cartes de sécurité au voisinage Oriental du vieux continent et de son voisinage Sud, montre à quel point le problème du Sahel/Sahara est devenu prioritaire pour les décideurs de la politique internationale.

### Affaire du Sahara Marocain/ Problème du Sahel/Sahara: Un lien viscéral.

Sans surprise, l’épineux problème du Sahel /Sahara est viscéralement lié à l’affaire du Sahara Marocain. En effet, tous les rapports internationaux y compris ceux du Conseil de sécurité lorsqu’ils abordent le conflit fabriqué du Sahara Marocain, le considèrent comme élément très déterminant pour l’instauration de la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel.
Ce couplet a connu deux étapes:
la première avant  » Guergarates » et la seconde après cet événement:
La première, s’est vu dominée par un projet algérien en vue de diviser et séparer le Maroc de sa profondeur africaine.
N’y sont pas parvenus, les Algériens ont tenté de créer un foyer de tension allant de  » Guergarates » en direction de Tindouf, puis le nord de la Mauritanie jusqu’au Mali et le Niger, aux confins du Sud Algérien.
Toutes ces manœuvres doivent être prises en compte pour connaître la façon de penser des militaires algériens, sachant que les centres de recherche américains sous la tutelle du Pentagone suivent au quotidien ces mouvements, à l’image de ce qui se passe dans le monde entier.
Outre ces centres  scrutent chaque mouvement russe dans la région sous
 » étiquette » française.
Mais ce qui surprend et confirme la naïveté des généraux algériens, c’est qu’à la suite de tout coup d’État dans la région, ils s’alignent du côté d’un parti plutôt qu’un autre, ce qui aggrave les situations et favorisent les facteurs d’escalades.
Et ça continue au Niger, l’Algerie et la France ont adopté la même position en soutenant le régime du président renversé
 » Mohamed Bazoum » et ont même lancé le même communiqué, au moment où la Russie soutient les putschistes sous couverture française, une vraie mascarade et une pièce de théâtre bien montée où les Algériens demeurent de simples figurants.

La seconde étape, celle d’après  » Guergarates « , au cours de laquelle les Algériens sont obligés de s’aligner aux dispositions des Nations- Unies et ne pas contrarier le porteur de plume au conseil de sécurité à savoir les États-Unis d’Amérique.
En effet, ce conseil a toujours fait le lien entre  la question du Sahara marocain et le  problème du Sahel/ Sahara à travers un paragraphe répété à chaque occasion et ce depuis 2013.
On se pose la question suivante: comment le ministère algérien des Affaires étrangères peut-il déclarer que l’Algérie soutient la résolution de l’ONU et les efforts de son émissaire alors qu’elle rejette les résolutions 26/02 et 26/54 appelant à des tables rondes et continue à s’opposer à  l’entente internationale en faveur du Royaume du Maroc qui a conduit à la libération du passage de « El Guerguerat » ….?
Ce qui est étrange, c’est que tant que l’Algérie multiplie ses manœuvres pour affaiblir et nuire au Maroc, elle ne fait qu’augmenter la force de ce dernier comme partenaire stable, sécurisé et crédible sur la scène internationale et renforce les positions en faveur de la marocanité du Sahara.
Ainsi, le monde entier voit que le Maroc demeure le seul pays stable de la région.

Pour conclure et de ce qui précède, on peut dire que le déplacement du ministre des affaires étrangères Algérien à Washington n’était pas une simple visite d’Etat, mais une convocation urgente pour se présenter à la maison blanche en guise d’un long interrogatoire pour s’expliquer sur les derniers  » faux-pas » de la présidence algérienne en l’occurrence la visite en Russie et les déclarations qui l’ont couronnée.
Sans oublier les positions et les manœuvres algériennes en vue de créer la zizanie dans la région Nord-Africaine et au Sahel/Sahara.
Pour ce dernier volet, et concernant les français, les U.S.A auront un autre langage et un discours différent. La France est une composante de l’Europe, et les Américains sont soucieux de la sécurité et de la stabilité de ce continent.

Marrakech le 12/08/2023

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