
Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech
L’accord de pêche conclu entre l’Union européenne et le Maroc arrive à terme.
Les deux partenaires ont affirmé leur intention de poursuivre et d’élargir ce partenariat pour une meilleure exploitation qui assure la durabilité des ressources marines.
Outre, » Bruxelles » a indiqué sa ferme volonté de passer à un partenariat plus approfondi.
Ceci dit, mais analysons plus en détail la déclaration du ministre des A.E Marocain à partir de ce qui s’opère dans le monde et surtout dans la région.
En effet, le ministre a rappelé la position inchangée du Maroc à l’égard de ce partenariat, non seulement sur la question de la pêche maritime, mais sur la globalité de cet accord avec l’Union européenne.
Cette dernière a toujours eu un double langage et deux positions contradictoires.
La première basée sur le respect et sur l’encouragement de toute démarche visant à renforcer les termes de ce partenariat, la seconde caractérisée par une sorte de chantage envers le Royaume notamment pour le dossier du Sahara Marocain.
Par contre le Maroc est resté fidèle aux termes de ce partenariat loin des manœuvres politiques ou autres et a fait en sorte de défendre ce » destin » imposé par la proximité et la géographie.
La nouveauté dans les propos marocains, c’est qu’ils interviennent en marge de la 3ème réunion ministérielle du Processus des Etats Africains Atlantiques ( PEAA).
Une réunion organisée pour instaurer les structures d’un nouveau bloc Africain indépendamment des interventions européennes responsables de l’échec de toutes les unions précédentes.
En effet, l’Union du Maghreb arabe n’a pas abouti en raison de l’ingérence flagrante des Français dans l’orientation de la politique de l’Algérie envers ses voisins frontaliers.
Même chose pour l’Union Ouest-Africaine restée sous supervision française.
D’un point de vue géostratégique, une telle structure avec des méga-projets énergétiques, des infrastructures colossales, un développement durable avec toutes ses composantes humaines et écologiques, une économie bleue et des projets reliant les deux rives de l’Atlantique, aurait son mot à dire quant aux grandes métamorphoses qui s’opèrent en Atlantique.
Donc la déclaration de M.Bourita revêt un caractère politique et lance un message à cette Europe désunie et dont le chef de file (la France) est déstabilisée et en crise sur tous les plans.
D’ailleurs, aujourd’hui, chaque pays Européen est à la recherche de partenariats et d’accords en dehors de l’Union européenne.
L’Espagne, l’Allemagne et récemment l’Italie se sont précipitées pour renforcer leurs relations avec le Maroc et ont soutenu la proposition d’autonomie du Sahara proposée par le Royaume.
Tôt ou tard, l’arrogance des politiques Français et leur mentalité encore coloniale sont vouées à disparaître sous pression du nouvel ordre international en cours de genèse. Outre l’échec de la France au Sahel et Sahara et les grands changements qui s’opèrent à l’Est de l’Europe suite à la guerre en Ukraine ( en l’absence de la France) affecteraient sûrement la puissance et la place de ce pays sur l’échiquier mondial.
Revenons maintenant à cette nouvelle coalition Africaine ( PEAA) pour dire que ces pays cherchent à tirer parti de leur situation géographique et participer à l’élaboration de toute politique concernant leur région.
Le Nigeria par exemple pays riche en ressources naturelles, mais situé dans les profondeurs du continent Africain aspire à s’ouvrir sur les deux rives de l’Atlantique, et cela l’oblige à nouer une alliance forte avec le Maroc.
Ainsi, le Royaume du Maroc, vient de présenter un concept de coopération et de gestion des dossiers complexes qui sont désormais sur la table des décideurs de la politique mondiale.
Pour le Maroc, l’affaire du Sahara est devenue un point de force et le soubassement de tout nouveau partenariat avec n’importe quel pays.
D’ailleurs, les Américaines n’ont pas trop tardé à comprendre cette donne et ont reconnu la Marocanité du Sahara.
Et aujourd’hui l’État d’Israël a fait de même et a mis fin aux malversations des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume.
Abstraction faite des manœuvres Françaises et Algériennes contre le Royaume Chérifien et compte tenu des considérations géopolitiques qui régissent les relations des pays et les signes d’une modification des rapports de force au sein de l’Union européenne, le partenariat de cette dernière avec le Maroc est devenu vital surtout pour certains pays Européens telle l’Espagne qui va sûrement défendre ses intérêts pendant la période de sa présidence de l’Union.
En plus, ce partenariat ne peut pas durer avec sa formule classique et obsolète et doit considérer la montée en puissance du Maroc qui est en train de devenir un élément déterminant et une force incontestable dans la région.
Force qu’il a puisée de sa position géographique, sa stabilité politique, son expertise reconnue mondialement dans la lutte contre le terrorisme, et sa grande maîtrise du dossier de l’immigration illégale.
Des atouts qui lui procurent cette intermédiation entre l’Afrique et l’Europe et une place déterminante dans toute stratégie concernant la rive Est de l’Atlantique.
Marrakech le 18/07/2023