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Rapprochement Espagne/ Maroc:  Quel Avenir ?

Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech

A travers sa presse et ses émissions télévisées, la propagande algérienne ne cesse d’analyser et d’anticiper les retombées futures des résultats des élections municipales et régionales espagnoles.
En effet, la victoire du parti populaire de droite au dépens du parti socialiste présidé par  » Pedro Sanchez  » a eu un effet optimiste sur les ennemis de l’intégrité territoriale marocaine qui se disent que cette victoire est un indicateur incontestable sur la popularité de ce parti de droite et dont les sondages le portent grand favori aux prochaines élections législatives, ce qui lui permettra de diriger le prochain gouvernement et de changer la position de l’Espagne sur la question du Sahara marocain.

Une telle lecture et des analyses de la sorte restent très superficielles quant au déroulement des événements au sein de la scène politique espagnole.
Commençons par les médias espagnols pour dire que la période électorale est une occasion où le niveau des audiences télévisées augmente avec la multiplicité des interviews et des analyses.
Outre, les études scientifiques des cartes électorales peuvent conduire le chercheur à déterminer le comportement des électeurs et identifier les zones d’influences pour chaque  élite partisane.
En effet, les cartes électorales ne sont jamais statiques dans le temps et non soumises à aucune logique, car au dernier moment, des imprévus peuvent apparaître et basculer toutes les prévisions que ce soit dans les régimes démocratiques ou autres.
D’ailleurs en Espagne on ne s’attendait pas à la montée du Parti populaire, mais il a raflé la grande majorité des voix et déclassé  les autres partis concurrents.

Une telle réussite est intrinsèquement liée au contexte socio-économique du pays, à l’humeur de l’électeur et à la manière dont la campagne électorale a été menée.
Ceci dit, le Parti populaire a profité des divergences idéologiques des partis de la coalition gouvernementale ( socialistes et Podemos ) pour lancer sa campagne électorale. Le parti  » Podemos » est un fervent partisan de l’indépendance de la Catalogne, une position considérée par les militants socialistes et par ceux des autres partis comme une haute trahison à la grande nation Espagnole.
Quant au différend qui oppose le parti socialiste à  » Podemos » concernant le rapprochement avec le Royaume du Maroc, il a été saisi par le parti populaire pour renforcer son actif électoral, sachant que même d’autres tendances ( extrême droite) comme le parti « VOX » s’opposent extrêmement à ce rapprochement.
A noter que même le parti socialiste signataire des accords Maroco- Espagnole s’y oppose idéologiquement, mais, il a été contraint de le faire sous pression des consignes et suivant les directives de
 » l’État profond  » représenté par l’institution royale, l’armée et les hommes d’affaires et ce, pour sauvegarder les intérêts suprêmes du pays.

Maintenant, on est en droit de se demander si ces métamorphoses dans la scène politique Espagnole auront des conséquences sur la position de rapprochement avec le Maroc, surtout le soutien de l’Etat espagnol à la proposition d’autonomie des provinces Sahariennes ?
Pour répondre à cette question, il faut comprendre que les élections ne sont que des enchères politiques et des discours politiciens, loin des réalités stratégiques et vitales pour le pays.
D’ailleurs, le parti socialiste, une fois au gouvernement, s’est trouvé contraint de violer son idéologie en se retournant contre les séparatistes du Polisario ( intérêt suprême de l’État oblige).

Pour conclure, imaginons le scénario le plus extrême, et le plus pessimiste avec une grande réussite aux prochaines élections législatives du parti populaire et de son allié
( d’extrême droite ) le parti  » VOX ».
Un gouvernement de cette nature,  même s’il fait pression sur  » l’État profond » pour un probable changement de la position de l’Espagne contre  le Maroc, ce dernier est aujourd’hui une force régionale incontestable et c’est l’Espagne qui paiera les pots cassés.
D’ailleurs, les manœuvres espagnoles et allemandes avant la restauration des relations ont montré à quel point le Royaume Chérifien est fort par sa diplomatie et par son système sécuritaire des plus performants au monde.
Outre, le discours de sa Majesté le Roi, a tranché une fois pour toute, en déclarant que l’affaire du Sahara est le  » télescope » à travers lequel le Maroc détermine sa relation avec n’importe quel pays.
L’Espagne ne fera pas exception.

Marrakech le 04/06/2023

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