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France/Afrique : Discours et réalités

Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech

La visite du président Français en Afrique en cette période où la relation de la France avec ses anciennes colonies Africaines est dans ses moments les plus difficiles, a suscité beaucoup de débats et d’analyses quant à la vraie volonté Française de repositionner sa relation avec ces pays sur de nouvelles bases.

En effet, les déclarations du Président Français, tant au Gabon qu’en République démocratique du Congo ont confirmé cette thèse, et que dorénavant les relations de son pays avec les pays Africains seront régies par les intérêts mutuels et la coopération pour le développement.
Des déclarations déjà prononcées à l’occasion de plusieurs visites ( et combien elles sont nombreuses) et qui n’ont eu aucun effet sur la réalité.
Une réalité dominée par l’esprit colonial et la surexploitation des ressources des pays Africains.

En se référant à l’histoire récente ( six décennies), nous pouvons faire le constat de cette relation sur la base d’une classification des pays, allant de l’allié perpétuel ( l’Algerie) intrinsèquement lié à la  » patrie mère » ( la France) au pays révolté et devenu même concurrent ( le Royaume du Maroc).
Entre ces deux extrêmes, les pays Africains Francophones qui commencent à développer un  » antidote » contre cette domination Française.

# La première catégorie représentée par l’enfant adoptif de la France (l’Algérie) qui est un archétype modèle de relation de soumission tant au niveau de la mémoire, de l’identité, voire même le discours politique et parfois des agissements d’humiliation à l’encontre de la la junte militaire au pouvoir, et enfin, les intérêts économiques qui profitent à la France au dépens du peuple Algérien qui manque de denrées alimentaires de base.

# La seconde catégorie regroupe tous ces pays qui souffrent de l’exploitation Française au point d’être encore dominé par la banque centrale Française quant à la gestion de leurs monnaie le  » CFA », et parfois cette exploitation atteint son paroxysme pour inclure l’exploitation minière, comme ce qui se passe au Niger et même au Mali.
Mais ces derniers temps, les élites de ces pays ont commencé à propager l’esprit nationaliste en vu du changement de cette situation.
Dans certains pays, les revendications sont allées plus loin comme au Burkina Faso, au Mali et au Rwanda. Ce dernier a même un problème juridique avec la France ( soulevé par les Nations unies), concernant la « contribution indirecte » et le soutien des Français au gouvernement  » Hutu » responsable du génocide de plus de 800 milles  » Tutsi » en 1994.
Donc ces mouvements Africains contre la présence Française sont devenus très inquiétants pour les décideurs politiques Français qui ne veulent pas comprendre que l’Afrique d’aujourd’hui n’est pas celle des années soixante et qu’à cause de leur arrogance et leur incompréhension des mentalités des peuples, la France a beaucoup perdu ces derniers temps sur le plan diplomatique que sur les opportunités d’investissements.

# La troisième catégorie est représentée par le Maroc, un pays qui a fait de très grands pas quant au démantèlement progressif de tous les liens en relation avec la mentalité coloniale Française.
Un chemin de lutte initié par un militantisme in-fini transmis de génération en génération et ce, depuis la révolution du Roi et du Peuple pour la libération
« au vrai » du pays.
D’ailleurs, même la présence coloniale au Maroc a été imposée par certaines circonstances historiques qui ont abouti à un accord entre la France et l’Etat Marocain de l’époque représenté par le  » Makhzen » .
Un simple accord diplomatique et un cadre de coopération, mais la France n’a pas respecté ces dispositions, c’est ainsi que naquit la première souche des ripostes Marocaines qui s’est propagée même après l’indépendance, et surtout ces vingt dernières années au point que le Royaume Chérifien est devenu un compétiteur farouche et sa cotation dans la  » bourse géopolitique  » est de plus plus élevée, grâce à un arsenal de réformes de son système juridique voué à favoriser le climat de l’investissement local et étranger.
Des efforts par lesquels, le Royaume du Maroc a réussi à s’accaparer de plusieurs créneaux d’investissements dominés auparavant par les Entreprises Françaises.

Cette voie suivie par le Maroc est devenue modèle pour les pays africains, qui ont accueilli les investissements Marocains dans le cadre du partenariat « gagnant-gagnant ».
Ce même modèle servira d’exemple pour la libération de la domination Française.

Il est temps pour la France de changer sa politique envers ses anciennes colonies Africaines, et il est temps d’arrêter de créer des problèmes et de soutenir des régimes militaires dictatoriaux contre les intérêts des peuples afin d’exploiter les richesses des pays Africains.
Son soutien à la junte militaire algérienne est le meilleur exemple de ces dérapages Français qui ne profitent qu’aux corpuscules terroristes et déstabilisent les pays.

Marrakech le 07/03/2023

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