
Noureddine Benchekroun/ Bureau de Marrakech
La dernière visite du premier ministre du Niger au Maroc accompagné d’une importante délégation représentant les secteurs économiques, sécuritaires, et autres, revêt une grande importance du fait de son timing et des récentes métamorphoses politiques dans la région du Sahel.
## Le Sahel: les grands changements
En effet, le Sahel a toujours été considéré un fief du terrorisme, du commerce illégal des armes et des drogues, bref une région instable politiquement et dangereuse.
Cette région tumultueuse dont les pays avaient accédé à leurs indépendances politiques depuis six décennies est restée dépendante économiquement à l’ex-colonisateur en l’occurrence la France.
Cette dernière, par ses multinationales a exploité les richesses minières et a fait en sorte de monopoliser les marchés commerciaux.
Aujourd’hui, le Royaume du Maroc à travers son initiative d’intégrer les pays du Sahel au grand projet de l’Atlantique vient de lancer un grand défi et une future transformation géostratégique majeure, et ce, après les changements politiques opérés ces derniers temps dans ces pays qui ont abouti à l’expulsion de la présence militaire française.
## Le Niger s’approche du Maroc
Revenant à la visite de la délégation du Niger au Maroc, pour dire qu’il s’agit du premier déplacement hors sphère Sahélienne du nouveau gouvernement en place. Cela montre l’importance qu’accorde le Niger aux démarches marocaines pour le renforcement des relations bilatérales, une réponse directe à ceux qui attendent impatiemment le contraire surtout après le départ du président Bazoum.
L’Algérie, qui s’est toujours considérée préoccupée par ce qui se passe au Sahel, se trouve aujourd’hui devant une initiative Marocaine grandiose qui est réelle et non propagandiste comme c’est le cas pour les pseudo- projets algériens qui n’ont jamais vu le jour et ce, depuis le début des années 80.
# Maroc/Sahel : des liens indéfectibles
Aujourd’hui, les pays du Sahel, plus conscients des intérêts de leurs peuples s’inscrivent dans la démarche marocaine qui consiste à les intégrer dans le rassemblement des pays africains riverains de l’océan Atlantique et permettre ainsi à leurs activités économiques de sortir du désenclavement imposé par leur situation géographique.
A signaler que le Royaume n’a jamais été étranger à cette région et qu’il a une longue histoire avec les populations du Sahel à travers les caravanes commerciales qui partaient de Fès et Marrakech à destination “ Tombouctou “ sillonnant la région jusqu’au Soudan.
Outre l’Empire chérifien était un passage et un lieu spirituel obligé des pèlerins de cette région en route vers la Mecque.
Au moment où le monde s’accorde sur la gravité de la situation sécuritaire au Sahel et sur la nécessité de prioriser le volet militaire pour traiter ce problème, le Maroc propose une initiative à caractère économique pour l’épanouissement et le développement de ces pays.
Outre la confiance et le respect que les peuples de cette région et de l’Afrique de l’ouest accordent au Royaume du Maroc sont inégalés et se confirment de jour en jour. D’ailleurs, l’accueil très chaleureux de l’équipe nationale et des supporters marocains en Côte d’ivoire lors de la dernière coupe d’Afrique a dépassé toute imagination.
Cette crédibilité dont jouit le Maroc vient du fait que le Royaume s’est toujours tenu à l’écart de toute ingérence dans les affaires intérieures des pays africains et a toujours respecté et traité avec les gouvernements officiels qui représentent les peuples.
En d’autres termes, le Royaume était soucieux de la logique de sécurité et de sûreté au sein de ces pays et de ne pas exploiter les conditions d’instabilité pour ses propres intérêts.
Ce qui s’est passé récemment au Mali, au Niger et au Burkina Faso n’a pas affecté cette sagesse et cette perspicacité de la diplomatie marocaine.
Cela confirme une fois de plus que la politique étrangère du Royaume est rationnelle, non motivée par des agendas géopolitiques mondiaux, contrairement à certains pays qui se sont présentés comme alternatives.
## Le dessus du volet sécuritaire
Pour mémoire, même les rassemblements
5+5 ou la communauté des pays du Sahel et Sahara avaient toujours négligé le volet du développement de la région en faveur du renforcement de la dimension sécuritaire. Une défaillance qui n’a pas manqué d’être signalée dans les déclarations de ces pays lors de leurs retraits de ces coalitions.
De ce fait, les nouvelles classes politiques avides au développement de leurs pays cherchent à multiplier des partenariats économiques parallèlement au combat mené contre les éléments d’instabilité et l’expulsion de suite des forces coloniales restées sur place après six décennies de l’indépendance de la région.
# Respect des paramètres de l’équation
gagnant-gagnant.
Convaincu de la nécessité primordiale du développement économique, source du progrès et de la force d’une nation, le Maroc a toujours associé les pays du continent africain à cette vision loin de toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.
En effet, le Royaume s’est toujours dirigé vers ces pays avec un arsenal de projets économiques et d’investissements pour le bien des populations en respectant les paramètres de l’équation gagnant-gagnant.
Outre, les cadres formés aux universités et écoles marocaines constituent un incubateur très important dans ces pays, surtout que leur nombre est en constante croissance.
# L’expérience Marocaine sollicitée par le Niger
Les responsables du Niger ont déclaré publiquement qu’il était impossible de ne pas accueillir à bras ouverts les investissements marocains alors que le Royaume Chérifien vient de donner accès à l’Océan aux pays du Sahel ce qui va permettre une grande fluidité des échanges commerciaux et drainera plus d’investissements à la région.
Le Niger est un pays riche en ressources naturelles, avec une réserve en Uranium des plus importantes au monde en plus de l’agriculture et de l’élevage.
L’uranium aujourd’hui est considéré comme future source d’énergie, celui du Niger a actionné pendant plus de six décennies les centrales nucléaires françaises.
C’est pour cette raison qu’on ne peut comprendre l’orientation des nouveaux dirigeants du Niger vers le Royaume du Maroc qu’à partir de leur grande volonté de se désengager des anciennes forces coloniales et de se libérer au vrai.
La rupture des liens avec l’ex- colonisateur est intrinsèquement liée à l’adaptation des investissements étrangers aux capitaux locaux, et le Maroc est par excellence un grand pionnier dans ce domaine et il est toujours prêt à partager son expérience avec le Niger et les pays africains d’une manière générale.
#Projet de l’Atlantique: Une libéralisation de l’économie africaine.
L’initiative Marocaine de permettre aux pays du Sahel d’adhérer au rassemblement des pays africains riverains de l’océan Atlantique, est en mesure de contrecarrer les agendas géopolitiques des nouveaux arrivants sur le continent en s’appuyant sur l’arsenal des méga-projets qui vont accompagner cette initiative, à savoir la restructuration de l’espace atlantique, le renforcement de la flotte navale, la construction de ports en plus des infrastructures nécessaires.
En conclusion, le Maroc n’a jamais manqué de créer un grand réseau de capitaux et de relations transfrontalières comme substratum à un climat favorable aux investissements étrangers. Des atouts déterminants de la compétitivité de l’entrepreneuriat Marocaine et une réponse à sa présence de plus en plus massive en Afrique.
Marrakech le 27/02/2024