Noureddine BENCHEKROUN/
Bureau de Marrakech
La récente visite effectuée par un groupe ministériel belge au Royaume du Maroc a été couronnée par la signature de plusieurs accords de coopération dans plusieurs domaines surtout économique et sécuritaire, ainsi que l’institution d’un comité supérieur de suivi pour faire avancer cette coopération au plus haut niveau.
## Le seuil français
Néanmoins, on se demande sur l’insistance des Belges à effectuer cette importante visite en cette période et sur son rapport avec les positions françaises concernant le Maroc.
A noter également que l’Etat Belge ne peut en aucun cas faire une pareille initiative sans le consentement de la France. En effet, cette dernière détient les commandes et délimite le seuil de toute démarche à entreprendre auprès du Royaume Chérifien. Une règle valable pour tous les pays de l’Union Européenne.
## Une histoire hostile à l’intégrité territoriale du Royaume
On sait que la Belgique a toujours manifesté une opposition aux intérêts du Maroc à travers ses représentants au parlement européen qu’elle abrite, et dont une frange non négligeable de ses membres appartiennent à des lobby corrompus par le régime militaire Algérien et hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc.
Des hostilités et des manœuvres contre lesquelles le Royaume a su développer les antidotes de l’intelligence diplomatique, de la pluralité des partenariats et de sa crédibilité dont la côte à l’international ne cesse d’augmenter.
## Le Maroc dicte ses règles
Cette force marocaine et cette manière d’imposer son équation à l’Europe ont été captées par les Allemands et les Espagnols qui se sont vite alignés à la règle marocaine qui impose à tout partenaire économique le soutien préalable de l’intégrité territoriale du Royaume.
Maintenant c’est aux autres pays européens de s’aligner, surtout la France et la Belgique dans lesquels les groupes hostiles au Maroc parmi les parlementaires et les associations ont un poids considérable et influencent les politiques de l’État.
D’ailleurs, ces genres de lobbys existent partout dans le monde et c’est à l’État de jauger les intérêts suprêmes du pays et de prendre les décisions fermes pour ne pas perdre un partenaire de taille.
# Le concept de la nouvelle Europe
Il est temps pour les pays de l’Union européenne de comprendre que leur coalition est vouée à disparaître s’ils ne changent pas leur vision devenue obsolète vis -à -vis de l’orient en général et du continent africain.
En plus, et pour garantir une place respectable à l’international, chaque pays européen doit s’associer à cette équation stratégique en cours de genèse et dont le principal paramètre est la coopération Europe-Afrique via le Maroc.
Passage obligé, de par la position géographique du Royaume en tant que porte de l’Afrique et promoteur du méga projet de l’Atlantique considéré comme étant le “ Projet Marshall du 21 siècle”.
Autrement dit, le concept d’une nouvelle Europe est produit à travers sa relation avec l’Afrique établie sur de nouvelles bases, un concept dont les principaux éléments sont détenus par le Royaume du Maroc que cela plaise ou non.
## La grande métamorphose
Les Américains étaient toujours attentifs à cette métamorphose géostratégique qui se préparait dans la région depuis plus de 20 ans.
Un suivi Américain qui a mûri en accord avec la diplomatie marocaine qui travaille dans l’ombre et sans bruit à travers la coordination en matière de sécurité, de renseignements et de partenariats économiques.
La Belgique comme la France avaient du retard à comprendre ces évolutions dictées par le cours de l’histoire et sont restées prisonnières de leur passé colonial.
## Le pas Belge, encore timide
Aujourd’hui, la Belgique veut s’engager dans un partenariat stratégique majeur en mettant l’accent sur la sécurité de l’intégrité territoriale du Royaume sans pour autant dépasser le seuil fixé par la France.
Une position certes contraignante qui s’appliquera à tout le peloton européen guidé par les petits-fils de Napoléon.
Comme évoqué précédemment, les Allemands et les Espagnols avaient transgressé cette règle et se sont rués vers le Royaume pour établir de nouvelles relations basées sur les réalités qui s’imposent à l’international.
A signaler également qu’avant les événements de “ El-Guergarat” suivis par la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara qui était une grande surprise pour toute l’Europe, la désobéissance aux règles françaises était impossible.
La France s’imposait en tant que grand connaisseur du dossier et traçait les limites de la politique à entreprendre avec le Maroc.
## L’embarras
Pour le Royaume du Maroc et comme à l’accoutumée, sa sagesse diplomatique a toujours pris le dessus sur les manœuvres qualifiées parfois d’infantiles de certains membres du parlement européen qui malheureusement influencent les décisions des États.
Aujourd’hui, le Maroc reste dans sa position standard, et ce sont les autres qui sont dans l’embarras avec des intentions d’élargir plus les coopérations économiques et sécuritaires, mais ils ne peuvent aller au-delà d’un seuil imposé par leur histoire coloniale.
Une situation très embarrassante surtout pour la France qui se trouve entre le marteau du régime algérien et l’enclume d’un royaume intransigeant avec une histoire millénaire.
En effet, l’existence de la junte militaire algérienne et son maintien au pouvoir est intrinsèque à la pérennité du problème artificiel du Sahara Marocain.
Pour conclure, disons que si l’Etat français décide de s’aligner côté marocain et soutenir en clair l’intégrité territoriale du Royaume, il créera un vide politique chez les militaires d’Alger et rallumera le flambeau du Hirak populaire.
Chose que les français souhaitent retarder, le gaz Algérien est très indispensable à l’économie française en ces temps de crise.
Marrakech le 19/04/2024
